« TOUTE CETTE PUTAIN DE PLANÈTE, C’EST UN IMMENSE TROU DE BALLE ! »
Un Jardin de sable fait partie de ces lectures remuantes. On y parle de putes, d’alcool, d’assistance, de fange, d’inceste. Sans jamais porter de jugement, Earl Thompson dépeint les bas-fonds d’une société oubliée de ses dirigeants. Roosevelt n’a qu’à aller se faire foutre. Si sa galerie de loqueteux détraqués en est là, c’est à cause de son putain de New Deal. Steinbeck, vous avez dit ?
Il y a quelque chose de Bukowskien chez Thompson. Et de plus pervers encore. Son style maîtrisé capte instantanément l’attention du lecteur. Il l’embarque avec fluidité dans une épopée de misère, balayant la moindre lueur d’espoir d’un revers de plume calculé. On ressent de la pitié, du dégoût. Mais aussi de la tendresse alors que les pires tabous ont été brisés. On déteste Un Jardin de sable comme il nous passionne. C’est sordide, brutal, fascinant, viscéral.
Thompson n’avait jamais été traduit en français. Une grave erreur réparée par Monsieur Toussaint Louverture qui offre en vérité un cadeau empoisonné. La puissance d’Un Jardin de sable est telle qu’elle ne peut que délaver toute lecture qui lui succède.
« Quand les lumières s’éteignirent, il s’assoupit, et sa tête vint tomber sur son épaule. Il se réveilla lorsqu’elle le recouvrit de son manteau. Il faisait froid à présent. Et quand sa main s’égara par accident sur son sein, elle fit semblant de dormir pour ne pas le déranger. »