Crépuscules, étouffer les cris


Roman / vendredi, février 16th, 2018

« Un jour, le soleil qui se lève te rappelle toujours les crépuscules. »

Trois couples, une seule voix : celle du non-espoir. Crépuscules conte cette histoire qui métamorphose les hommes en bêtes. Celle de la guerre qui rend les visages anonymes, les lendemains incertains, les comportements absurdes et les perspectives obscures.

Sans frontière et sans abri, Crépuscules tisse un huis-clos étouffant. Au milieu de la poussière et des bourdonnements, ses personnages évoluent péniblement. La narration est saccadée, répétée. Joël Casséus se livre à une écriture de l’instantanéité où l’effort de discernement s’intensifie alors que les tons se confondent. Qui parle ? Cette question incessante fatigue tant il est de plus en plus difficile d’y répondre. Les hommes et femmes de Crépuscules n’ont pas de nom et s’expriment de la même façon. Il en dégorge une confusion totale qui sert les intentions de l’auteur et dessert la fluidité de la lecture.

Au cœur de toute cette profonde désolation, l’espoir porté par la figure de l’enfant ose à peine se manifester. L’innocence salvatrice disparaît au bénéfice de la méfiance, de la peur et du dégoût. On finit par y distinguer les germes d’un futur redouté : il n’existe pas d’autre avenir que celui de la déshumanisation, et c’en est éprouvant.

Lire le dernier paragraphe du roman

« Puis le poids est encore sur moi. Mais il est sur mon ventre. Le poids est sur mon ventre et n’est plus dans mon ventre. Puis il y a le silence. Puis il se met à crier. Crier sa rage de vivre. »