« Je n’aime pas ça. Être en retard je veux dire. Mais il est hors de question que j’attaque la journée sans mon intraveineuse de caféine… Putain, il est déjà 7 h 35. J’hallucine. J’ai cours à 8 heures. Autant se rendre tout de suite à l’évidence : comme je ne voyage pas avec Air Force One, je n’y serai jamais. »
Léo est professeure de philo dans un lycée d’Agen. Elle aime ses amis Louloune et Juju, son célibat et sa vie en collocation. Son truc à elle, c’est de faire des apartés à chaque paragraphe, de parler le djeuns ringard et d’enchaîner les clichés.
Difficile de ne pas se sentir floué par Laure Rollier. Hâte-toi de vivre ! est présenté comme un bouquin feel good, mais on en sort plutôt en soupirant. Rien n’est crédible dans ce récit ponctué d’inexactitudes. Les enseignants sont des feignasses ne travaillant que dix-sept heures par semaine, les femmes ne peuvent s’accomplir qu’au travers du prisme masculin, le couple est la clé du bonheur. C’est maladroit, souvent surjoué pour compenser un manque certain de profondeur. Les références sont peu subtiles et les blagues un peu fades.
Il faut pourtant reconnaître une certaine forme d’humilité à Hâte-toi de vivre ! qui s’assume sans prétention. Même si le ton de l’ado à fleur de peau agace, la lecture n’est pas non plus désagréable. Elle irait presque jusqu’à susciter un sentiment de bienveillance à condition d’accepter le roman pour ce qu’il est : 250 pages de facilités façon feuilleton de blog imprimé taille 12, marge 2,5, interligne 1,5. Ça se lit vite dans le train ou sur la plage, et ce n’est peut-être pas si mal.
« Mademoiselle Tricani, je suis le docteur Dià. Si vous saviez à quel point je suis heureux de faire votre connaissance. »