Auprès de moi toujours : souvenirs d’un pas grand-chose


Roman / mardi, avril 3rd, 2018

« Comment demander à un monde qui en est arrivé à considérer le cancer comme guérissable, comment demander à un tel monde d’écarter cette guérison, de retourner à l’époque noire ? Il n’y a pas de retour en arrière. »

Bienvenue à Hailsham, pension pour clones donneurs d’organes où l’on apprend à vivre ensemble, à développer sa créativité et à prendre soin de son corps.

Kazuo Ishiguro prophétise une vision à la fois merveilleuse et abominable de l’évolution scientifique. Sans jamais dissimuler la vérité, Auprès de moi toujours se développe dans un climat de mystère. À force d’allusions, ni l’auteur, ni les gardiens de Hailsham n’ont jugé nécessaire d’expliquer clairement ce qu’il adviendrait des enfants du pensionnat à leur majorité. On le sait pourtant, on le redoute dès les premières pages de l’œuvre. L’idée du clonage médical est suffisamment effrayante pour ne pas la nommer ouvertement. Et si séduisante…

Avec un sujet pareil, Auprès de moi toujours promet de charmer les amateurs de dystopie. Mais la futilité de la narration, la candeur de son personnage principal, les digressions à outrance ont tôt fait d’exaspérer celui qui s’attend à un climax. Car il faut le dire : il ne se passe rien dans Auprès de moi toujours. On en ressort déçu, frustré, amer, agacé d’y avoir cru, démuni face au temps de lecture perdu. Quatre cents pages d’introspection peu intéressante et vingt pages de faux dénouement, c’est tout de même exagéré.

Lire le dernier paragraphe du roman

« Le fantasme n’alla pas plus loin – je ne le permis pas -, et si les larmes coulaient sur mon visage, je ne sanglotai pas et je ne perdis pas le contrôle. J’attendis juste un moment, puis je retournai à la voiture, pour repartir là où j’étais censée me trouver. »