La Vraie vie, ouvrir les yeux et grandir


Roman / vendredi, septembre 28th, 2018

« À partir de ce moment-là, ma vie ne m’est plus apparue que comme une branche ratée de la réalité, un brouillon destiné à être réécrit, et tout m’a semblé plus supportable. »

Dans le Démo, elle habite le pavillon le moins moche du lotissement. Tout est gris, la chaleur de cette fin d’été y est étouffante. Sa mère est une amibe. Son père, un monstre en puissance. Au sous-sol, déchaîné par l’accident, se terre un mal infectieux. Ce jour-là, la vie prend la mauvaise direction.

L’Iconoclaste a du flair : les premiers romans lui vont bien et La Vraie vie ne déroge pas à la règle. La vraie vie, c’est celle que Gilles aurait dû avoir s’il n’avait pas assisté à l’horreur. Celle qu’elle-même aurait dû connaître si son petit frère n’avait pas cédé au dévoreur d’âmes d’enfants. Celle pour laquelle elle sera Marie Curie quand elle sera grande.

L’innocence est touchante et l’on voudrait y croire jusqu’au bout. Adeline Dieudonné sait préserver les sensibilités aussi longtemps que nécessaire. Mais elle sait aussi que le mensonge n’est pas une option durable. Alors, avec beaucoup de tact, elle accompagne ses personnages avant de décider du moment idéal pour révéler la vérité. Il n’y a pas de retour en arrière possible. La Vraie Vve n’est pas celle qui aurait dû être, mais celle qui est.

La prise de conscience est rude ; elle est pourtant inéluctable. C’est ce qu’on appelle grandir, c’est douloureux, mais c’est aussi bénéfique. Et s’il est interdit de changer le passé, il n’appartient qu’à elle de faire bifurquer l’avenir.

Lire le dernier paragraphe du roman

« Et il y avait ce que je devais garder. Le souffle du crépuscule sur mes paupières. La bête enragée qui s’était rendormie au fond de mon ventre. Les mains du Champion que je pouvais encore sentir sur mes hanches.
Et le sourire de Gilles. »