Cent millions d’années et un jour, promesse d’aventures


Roman / lundi, octobre 7th, 2019

« – Stanè, le gosse a raison… Il va bien falloir que tu nous dises ce qu’on cherche.
Nous y sommes. Plus question de reculer. Tu veux vraiment savoir, Berti ? […]
– Un dragon. Nous cherchons un dragon. »

Il aura fallu Cent millions d’années et un jour à Stan pour mener l’expédition de sa vie. Quelques heures seulement au lecteur pour refermer le second roman de Jean-Baptiste Andrea.

On parle ici de trilobites et de strates géologiques. De notion du temps toute relative au regard des centaines de millions d’années que dissèque la paléontologie. A priori, rien de bien excitant pour qui un fossile se résume à un caillou renfermant l’empreinte d’un coquillage. Mais celui qui a lu Ma Reine sait qu’il peut s’embarquer aux côté de Jean-Baptiste Andrea sans se poser de questions. De poussiéreux, le sujet du roman n’en a que les ongles qui ont gratté les sols gelés du glacier à la recherche du dragon qui y dort depuis Cent millions d’années et un jour.

Dragon, Brontosaure, quelle différence ? Le secret aurait pu disparaître avec son gardien et son jeune public d’affabulateurs. Tombé dans l’oreille de l’atrabilaire, il bouleverse l’ordre établi.

De son verbe vif, Jean-Baptiste Andrea nous happe et nous jette dans cette promesse d’aventures et de gloire. Soyons inattentifs le temps d’une page, d’un paragraphe, d’un mot, et c’est toute une partie du voyage que nous risquons de manquer. Andrea ne nous laisse de toute façon pas la possibilité de nous détourner un seul instant de son récit merveilleux. Nos doigts sont couverts d’engelures à force d’avoir trop creusé dans le ventre du glacier. Nos os sont rompus. Nos poumons, irrités. Rien, cependant, n’est susceptible d’entamer notre mental ; un dragon se cache sous la glace, nous l’exhumerons.

Et même si Cent millions d’années et un jour s’abîme pour quelques lignes dans l’hiver faussement mordant, il sait se ressaisir et rebondir pour concentrer dans son point final toute la beauté des grands esprits rêveurs.

Lire le dernier paragraphe du roman

« Il tourne enfin les talons. Il part sans toucher la veste, le pull, le tricot. À son retour sa femme lui demande pourquoi, depuis le grand lit qu’elle ne quitte plus depuis qu’elle est malade. Pourquoi il n’a pas ramassé les vêtements. Umberto répond qu’il ne sait pas. Qu’il se rappelle juste avoir pensé, en jetant un dernier regard en arrière :
C’est le plus bel endroit du monde. »