« Contre vents et marées. C’est juste un truc que nous avons pris l’habitude de dire, une tradition née à l’entrée de tous ces rapides. Si j’y avais pensé avant, c’est ce que nous aurions dit au mariage. Mon désir le plus ardent. Qu’est-ce qu’on était cons. »
Pour celui-ci, il va falloir faire preuve d’une confiance absolue. Passer outre son titre trop fleur bleue et fermer les yeux sur sa couverture trop fuchsia. Mon désir le plus ardent n’est ni mièvre, ni faible, ni kitsch, ni convenu. Mon désir le plus ardent est bien loin de tout sentimentalisme dégoulinant parfumé à l’eau de rose bon marché.
Voilà ce qu’est Mon désir le plus ardent. Une puissante histoire d’amour qui dose justement sensibilité et humour. Un récit honnête et équilibré. Un roman généreux et surprenant. Une vie bouleversée par tous les chagrins, injustices, frustrations, angoisses, douleur, colère, plaisirs, quiétude, bonheurs qu’il est possible d’endurer. Un ouvrage organique, évoluant avec ses personnages, embarquant son lecteur en voyage improvisé. C’est parfois chouette, parfois accablant.
Pete Fromm aurait pu tomber dans le piège de la sensiblerie. Pire : se vautrer dans le cliché, gribouiller maladroitement un semblant de confession godiche. Mais l’auteur maîtrise sa plume et son sujet. De l’épilogue au point final, Mon désir le plus ardent tient ses promesses sans jamais essayer de tricher, comme souvent avec les publications de Gallmeister. C’est admirable, c’est fort, c’est beau.
« Aussi discrètement que possible, je feins de ne pas voir la main tendue d’Iz. Je baisse les yeux sur la mienne, burinée et durcie par le labeur, inutile maintenant, sinon pour balancer un marteau, attraper une planche, je contemple les dernières traces de Mad qui s’y accrochent encore, incrustées dans les plis les plus profonds de ma chair, et pour le moment, je ne tiens pas à laisser quiconque, pas même Izzy, les effacer. Non. Pas encore. »